Les statistiques officielles produites par l’Office fédéral des statistiques (OFS) permettent de d’avoir une idée générale du paysage religieux en Suisse :

Religion_stats2019

Disparition des croyances religieuses ?

Dans le graphique de 2022, les groupes confessionnels les plus importants (parmi la population résidente permanente âgée de 15 ans ou plus) sont : l’Eglise catholique romaine (34%) et l’Eglise réformée évangélique (22%), puis viennent les autres communautés chrétiennes (5,8%) et les communautés musulmanes ou issues de l’Islam (5,4 %). Les communautés hindouistes comptent pour 0,6 %, les communautés bouddhistes pour 0,5 % et les communautés juives pour 0,2 %.

Et puis, 31% des personnes ayant répondu se sont identifiées avec la catégorie « sans appartenance religieuse ». Cela ne veut pas dire que ces personnes n’ont pas de croyances, ni de pratiques, ni reçu une éducation religieuse, cela signifie qu’ils ne se reconnaissent pas dans les dénominations proposées, et ce, pour plusieurs raisons :

  • Certain∙e∙s ont quitté une religion transmise par leurs parents,
  • D’autres ont des croyances diverses,
  • D’autres encore ne se sentent pas concernées par la question religieuse.

On peut déduire que derrière la catégorie « sans appartenance religieuse » se cachent des réalités variées.

On peut difficilement parler de « disparition » des croyances religieuses, mais bien plutôt de pluralisation et d’individualisation de croyances religieuses.

Les statistiques donnent une vision d’ensemble du panorama religieux à partir d’un petit échantillon de la population. Et l’on n’a pas accès à ce que vivent les personnes interrogées (la personne qui répond peut comprendre la question différemment, ou alors elle aimerait nuancer sa réponse, mais ne le peut pas, à cause du questionnaire standardisé). Par exemple, se définir dans cette enquête comme « catholique » peut impliquer des réalités de pratiques religieuses très différentes: la personne est baptisée, mais ne prie pas, ni ne se rend à l’église – alors qu’une autre personne très fervente et qui participe à des pèlerinages choisira aussi de cocher la case « catholique »).

Le paysage religieux en Suisse

Ces dernières années, le paysage religieux en Suisse s’est diversifié. Jusque dans les années 1970, la grande majorité des habitant-e-s se déclaraient catholique ou réformé-e. Ces communautés étaient également territorialisées, c’est-à-dire que certaines régions étaient soit majoritairement catholiques (Fribourg, Valais), soit majoritairement protestantes (Vaud, Neuchâtel). Si le canton de Genève abritait presque autant de protestant-e-s que de catholiques, ces deux communautés se côtoyaient finalement assez peu, et les mariages mixtes (entre protestants et catholiques) étaient encore mal perçus.

Cette réalité historique explique certaines particularités régionales : dans le canton de Vaud, l’Église réformée et l’Église catholique sont financées par l’État, car reconnus de droit public, tandis qu’à Genève, l’État et les Églises sont presque totalement séparés : les Églises catholique et réformée sont financièrement indépendantes, hormis pour l’entretien des bâtiments-églises qui font partie du patrimoine immobilier du canton.

Aujourd’hui, le paysage religieux en Suisse s’est donc fortement pluralisé. Il n’existe pas de groupe religieux fortement majoritaire, mais cela dépend souvent des régions. Dans les villes, le pluralisme religieux est souvent plus marqué qu’à la campagne. Le rôle historique des Églises catholique et réformée dans notre société est toutefois indéniable, sans qu’on ne s’en rende toujours compte : cette transmission s’inscrit dans l’architecture, dans les fêtes, dans des valeurs partagée, …

Pour aller plus loin :

Le site web de l'Office fédéral de la statistique.

Marzi, E. Knobel, B., Becci, I., Zurbuchen, A., Berthet, C. (2020) Credo. Une cartographie de la diversité religieuse vaudoise, Antipodes.

Avec le soutien de

Avec le soutien financier de la Confédération.

Ouvrir les actions